CINQ APHORISMES IN MEMORIAM
D. D. CHOSTAKOVITCH,
TRIO OPUS 29
Oeuvre composée pour l'émission de France-Musiques Alla Breve. Elle a été diffusée dans cette émission entre le 3 et le 7 septembre 2001.
Elle a ensuite été créée en concert public le 4 mai 2002 à Paris, lors du concert inaugural du Trio Daphnis.
Elle se divise en 5 mouvements :
I. Nocturne
II. Toccata (extrait : mp3 - 00:27 - 329 Ko.)
III. Elégie
IV. Humoresque (extrait : mp3 - 00:38 - 459 Ko.)
V. Passacaille (extrait : mp3 - 00:45 - 550 Ko.)
Enregistrement : Radio-France, 16 juillet 2001; Pierre-Emmanuel Sombret, violon, Bertrand Malmasson, violoncelle, Pascal Mantin, piano.
Ce Trio est construit principalement sur « l’acronyme musical » de Chostakovitch DSCH (ré, mi bémol, do, si bécarre). Les 4 premiers des 5 mouvements qui le composent sont acrostiches, c’est à dire que chacun d’entre eux commence avec ces notes : le 1er (Nocturne) commence sur un ré, le 2ème (Toccata) sur un mi bémol, le 3ème (Elégie) sur un do, le 4ème (Humoresque) sur un si bécarre ; le 5ème mouvement (Passacaille) s’ouvre sur les 4 notes en même temps, disposées harmoniquement en un accord au coloris d’ut mineur.
On retrouve cet acronyme « chostakovien » tout au long de la pièce, de façon plus ou moins apparente. Le trio est également fondé sur une série de douze sons, traitée non pas de façon sérielle mais utilisée, comme le faisait du reste Chostakovitch, pour ses caractéristiques expressives spécifiques. Bien sûr le motif DSCH est inclus dans cette série.
Le terme d’Aphorismes utilisé pour désigner les 5 parties de cette oeuvre fait référence à l’une des premières oeuvres de Chostakovitch, les Aphorismes opus 13 pour piano, oeuvre de 1927 dans laquelle le compositeur, alors âgé de 21 ans, se montre particulièrement audacieux dans son langage et dans son écriture.
J’ai découvert ce compositeur à la toute fin des années 70, alors qu’il était totalement méconnu et déconsidéré, surtout en France. J’avais voulu lui rendre un premier hommage dans une symphonie écrite en 1981-83 (Symphonie n° 1 "DSCH" opus 4, voir catalogue) et marquée en particulier par la découverte de son opéra Le Nez. Presque 20 ans après cela, alors que je voue toujours la même admiration pour ce « Beethoven du XXème siècle », selon la très belle expression du musicologue Patrick Szernovicz, la situation de Chostakovitch a beaucoup changé; sa musique est entrée au répertoire de tous les orchestres et ensembles de chambre dans le monde, il est enfin considéré comme l’un des compositeurs les plus marquants du XXème siècle et on réalise qu’il a influencé de très nombreux compositeurs contemporains. Surtout, on mesure à chaque audition d’une de ses oeuvres l’extraordinaire puissance expressive de sa musique. (voir la page consacrée à Chostakovitch)
Alors que dans cette symphonie de 1983 je réagissais à ce que je venais de découvrir et au choc que cela avait provoqué, j’ai voulu dans ce Trio rendre hommage plus directement et plus intimement, si cela m’est permis, à l’homme Chostakovitch, à sa personnalité si attachante et complexe, à son courage et à sa force, à sa puissance créatrice. Il ne s’agit pas de décrire quelque sentiment ou quelque trait de caractère que ce soit, encore moins de pasticher, juste d’adresser à travers ces 5 aphorismes le témoignage d’un profond respect et d’une admiration indéfectible pour un musicien bouleversant.
Partition disponible aux éditions MUSIK-FABRIK, 18 rue Marthe Aureau, 77400 LAGNY-SUR-MARNE (FRANCE). Tél. : +33(0)1 64 30 13 84 |